Debussy - Georges Pludermacher (1985) Les Etudes, Premier Livre1. Pour les « cinq doigts » d'après monsieur Czerny (en do majeur). Le clin d'œil à Czerny est amusant, et en fait ironique. D'autant plus que, dès le début de la partition, Debussy prend soin d'indiquer « sagement » au-dessus des do, ré, mi, fa, sol, qui s'enchaînent gentiment avant que tout ne bascule et que des dissonances et autres excentricités debussyennes ne viennent semer un joli désordre. Il s'agit d'un pied-de-nez aux rigoureux exercices techniques de Czerny, que Debussy pastiche avec malice. 2. Pour les tierces (en ré bémol majeur). L'étude se révèle très difficile (et donc très utile) pour la main droite qui doit exécuter des tierces liées sur un tempo très rapide. Elle commence de manière assez douce avant de s'agiter au fur et à mesure et de se terminer brusquement. On note quelques envolées lyriques voire sensuelles, et d'autres passages plus ténébreux et inquiétants. 3. Pour les quartes (en fa majeur). L'étude est composée de sonorités orientalisantes couplées à d'autres sonorités plus inattendues, et d'autres encore plus « planantes » voire lunaires. On passe de l'une à l'autre subtilement, ce qui rend cette étude très particulière. Pour l'anecdote, Debussy avait prévenu son éditeur qu'on trouverait du « non-entendu » dans cette étude. La tonalité est d'ailleurs assez floue... 4. Pour les sixtes (en ré bémol majeur). Debussy dit à propos de ces sixtes que ce sont « des demoiselles prétentieuses, assises dans un salon, faisant maussadement tapisserie, en enviant le rire scandaleux des folles neuvièmes! » Le caractère globalement apaisant, doux et mélodieux, de cette étude (dû aux sixtes donc, les neuvièmes étant beaucoup plus agitées) contraste avec l'étude précédente. 5. Pour les octaves (en mi majeur). Étude d'une grande richesse harmonique, étincelante et de caractère joyeux, qui, après quelques passages plutôt scherzando, se termine elle aussi de manière brusque. 6. Pour les huit doigts (en sol bémol majeur). Marguerite Long elle-même fut étonnée que, pour cette étude, Debussy ait suggéré de ne pas utiliser les pouces, ce qui rend son exécution plus difficile. Il semble que cette recommandation permette plus de légèreté et de souplesse dans les mouvements. En effet, l'étude est une succession de notes rapides, qui peuvent faire penser au vol du bourdon (ou de l'abeille) de Rimski-Korsakov. code pour embarquer la vidéo : >>> http://www.youtube.com/embed/6p1ZT7QjifA <<< |