Nick....la police marocaineC'est un état que des millions de touristes européens viennent visiter chaque année et dont le régime bénéficie dans nos médias et de la part de nos propres dirigeants politiques, d'une extraordinaire tolérance et mansuétude. Cependant, depuis un an, les protestations du peuple marocain se multiplient : révoltes urbaines contre la cherté de la vie et insurrections paysannes contre les abus. Les émeutes les plus sanglantes se sont déroulées le 7 juin à Sidi Ifni lors dune manifestation silencieuse contre le chômage, qui a été réprimée avec une telle brutalité qu'une véritable insurrection s'est produite avec des barricades dans les rues, des incendies de bâtiments et des tentatives de lynchages dune autorité publique. La réplique des autorités a été une répression dune violence démesurée. En plus des dizaines de blessés et des arrestations (dont celle de Brahim Bara, du comité local dAttac), Malika Jabbar, de lorganisation marocaine des droits de lhomme a dénoncé « les viols de femmes » (2) et la chaîne d'informations arabe, Al Jazeera, a parlé de « un à cinq morts ». Les autorités ont nié. Elles ont proposé une « version officielle » des faits et toutes les informations qui ne correspondaient pas à cette version ont été sanctionnées. Une commission parlementaire a enquêté sur les évènements mais ses conclusions ont seulement servi, comme d'habitude, à étouffer l'affaire. Les espoirs nés il y a neuf ans avec la montée sur le trône du jeune roi Mohamed VI se sont dissipés. Si des touches de gattopardisme ont modifié l'aspect de la façade, l'édifice en lui-même avec ses sinistres caves et ses passages secrets, est resté le même. Les timides avancées en matière de libertés n'ont pas transformé la structure du pouvoir politique : le Maroc continue d'être le royaume de l'arbitraire, une monarchie absolue dans laquelle son souverain est le chef véritable du pouvoir exécutif. Et pour déterminer le résultat des dernières élections, en dernier ressort, la couronne a non seulement nommé les principaux ministres mais les a aussi renommé « ministres de la souveraineté ». Rien na changé non plus en ce qui concerne la structure de la propriété. Le Maroc continue dêtre un pays féodal où une dizaine de familles, presque toute proches du trône, contrôlent (grâce à lhéritage, le népotisme, la corruption, le vol la cleptocratie- et la répression) les principales richesses. Actuellement l'économie se porte bien, avec une croissance du PIB de 6,8 % prévue en 2008 (3), due en particulier aux millions d'émigrants et aux transferts des devises qui constituent les principaux revenus, cumulés au tourisme et aux exportations de phosphates. Mais les pauvres sont de plus en plus pauvres. Les inégalités nont jamais été aussi grandes, le climat de frustration aussi palpable. Et lexplosion de nouvelles révoltes sociales na jamais été aussi imminente. Parce quil existe une formidable vitalité de la société civile, un associationnisme très actif et audacieux ne craint pas de défendre les droits et les libertés. La plupart de ces associations sont laïques, dautres sont islamistes. Un islamisme qui se nourrit de la grande frustration sociale et qui est, de fait, la première force au niveau politique. Le mouvement Al Adl Ual Ijsan (non reconnu mais toléré) dirigé par le cheik Yassin et qui na pas participé aux élections, avec le Parti de la Justice et du Développement (PJD), qui a récolté le plus de voix aux dernières élections de septembre 2007, dominent largement la carte politique. Mais il ne leur est pas permis de gouverner. Ce qui a poussé un groupe minoritaire à choisir la voie de la violence et du terrorisme. Les autorités les combattent avec une main de fer, avec le soutien intéressé de lUnion Européenne et des USA (4). Cest cette alliance objective qui les conduit à se couvrir les yeux devant les violations des droits de lhomme qui continuent à être commis au Maroc. Cest comme si les chancelleries occidentales disaient à Rabat : en échange de votre lutte contre lislamisme, nous vous pardonnons tout, même votre lutte contre la démocratie. code pour embarquer la vidéo : >>> http://www.youtube.com/embed/YFdCGmBeFmA <<< |