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G20 : et si Obama avait raison ? Gaël Giraud sj, économiste.





G20 : et si Obama avait raison ?

Gaël Giraud, CNRS, Ecole d'Economie de Paris, ESCP-Europe, Ceras.

La décision prise par la Federal Reserve d'injecter 600 milliards de dollars en rachetant la dette publique américaine a été très critiquée lors du sommet du G20, à Séoul. Elle est pourtant dictée par un pragmatisme de bon sens : l'économie américaine, et avec elle la plupart des pays industrialisés, court le risque de sombrer dans une trappe à liquidité semblable à celle dans laquelle se débat le Japon depuis vingt ans. Perdant confiance dans l'aptitude des Banques Centrales à fournir suffisamment de liquidité, les ménages, criblés de dettes ou asphyxiés par le chômage, diminuent alors systématiquement leur consommation tandis que les entreprises repoussent sine die leurs investissements. Ces deux comportements se renforcent mutuellement jusqu'à provoquer une déflation qui finit par donner raison à tout le monde, et augmente davantage encore la frilosité de chacun. C'est afin d'échapper à ce scénario (et aussi pour revaloriser les bons du Trésor américain) que la Fed inonde la planète d'argent frais.
Que reprochent la Chine, le Brésil, l'Allemagne ou la Grande-Bretagne à cette politique ? Elle ferait courir le risque à la planète financière de nouvelles bulles spéculatives et viserait à dévaluer le dollar aux dépens des autres monnaies. Ces deux critiques sont justifiées. Contrairement à la doxa des banquiers centraux, ce n'est plus leur politique monétaire qui dicte le niveau des prix de consommation depuis une trentaine d'années, mais le niveau global des salaires --- lequel, du fait du dumping salarial des pays émergents, reste insuffisant dans la plupart des pays du Nord. Une rigidité à la hausse des salaires qui freine depuis deux décennies toute fièvre inflationniste et a rendu nécessaire le recours au crédit à la consommation pour pallier l'insolvabilité des ménages sous-payés. Du coup, l'augmentation de la masse monétaire en circulation, au lieu d'alimenter l'inflation des biens et services, sert de carburant aux bulles spéculatives qui enflent et éclatent à intervalles réguliers sur les marchés financiers.
De fait, la décision récente de la Fed contribuera à faire s'envoler une base monétaire mondiale qui croît déjà au rythme annuel de 15% depuis 2000, et dont la vitesse de gonflement a doublé depuis 2008. Le seul moyen d'éviter que la planche à billets ne provoque un nouveau krach --- notamment en Asie du Sud-est où l'on garde un vif souvenir du drame de 1997--- consiste à réglementer de manière drastique les marchés financiers de manière à y diminuer l'incitation des opérateurs à l'emballement mimétique. De ce point de vue, les décisions prises au G20 sont largement insuffisantes : la supervision des marchés de gré-à-gré d'actifs dérivés sera « renforcée » là où il conviendrait d'y imposer des chambres de compensation ; les règles prudentielles de Bâle III sont certes entérinées mais les mesures ajoutées à l'intention des SIFI (« Systemically Important Financial Institutions», i.e., les méga-banques internationales) témoignent de ce que l'on sait déjà que Bâle III ne suffira pas. Et la régulation des SIFI, elle, est laissée à l'appréciation de chaque pays... Barack Obama a donc raison de rétorquer à ses interlocuteurs qu'ils seraient bien inspirés de mettre en œuvre, eux aussi, l'analogue de la réforme financière Dodd-Frank votée l'été dernier aux Etats-Unis.
Quant à l'accusation faite à l'Amérique de pratiquer une politique de dévaluation inavouée, elle est également justifiée, à ceci près que l'Europe met en oeuvre une politique très similaire à travers ses plans d'austérité budgétaire ! Ceux-ci constituent-ils autre chose qu'une dépréciation compétitive qui, si elle avait la moindre chance de réussir, aurait pour principal effet d'exporter notre chômage chez les autres ? L'engagement pris à Séoul par les pays les plus riches de la planète de ne pas mener de « politiques protectionnistes » sonne donc comme une sorte de déni : nous sommes déjà engagés dans un protectionnisme plus ou moins affiché. La différence entre les politiques « non--coopératives » qui se pratiquent sur les deux rives de l'Atlantique nord, c'est que le laxisme monétaire des Américains peut aider à éviter la récession tandis que les plans de rigueur européens nous y précipitent à coup sûr. Obama a donc également raison d'encourager ses interlocuteurs européens à renoncer à la rigueur... Faudra-t-il attendre, pour qu'il soit entendu, qu'un pays de la zone euro fasse défaut ou que la monnaie unique vole en éclats ?

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