François Le Cocq : Folies d'EspagneTexte du Lutin d'Ecouves : La Folia est, à l'origine, une danse dont il est fait pour la première fois mention dans un texte portugais du XVe siècle. Il s'agissait d'un rite chorégraphique lié à la fertilité lors duquel les danseurs portaient des hommes habillés en femmes sur leurs épaules. Le rythme rapide de la danse ainsi que son aspect insensé furent certainement à l'origine de son nom. Parmi un certain nombre de thèmes, émergea une mélodie de base. Jusqu'au milieu du XVIIe, elle se répandit en Italie (Follia) et en France (Folie d'Espagne) puis le thème évolua rapidement pour prendre sa forme définitive dans cette suite d'accords : réM/La7/réM/do/fa/do/réM/la7 réM/La7/réM/do/fa/do/rém-la7/réM Apparue aux alentours de 1650 puis publiée en 1672 par Lully, cette mélodie se stabilisera en se ralentissant et devint le thème d'innombrables variations dont les plus célèbres furent celles de Corelli parues en 1700. A partir de ce moment, Les Folies habitèrent consciemment et parfois inconsciemment la musique occidentale et ne la quittèrent plus. La plupart du temps, elles prirent la forme « thème et variations » ; parfois elles ne furent qu'une citation sans grand développement (J.S.Bach, Keiser); quelques fois, elles ne furent qu'une inspiration pour une autre mélodie (sarabande de Händel, chaconne de Purcell); elles sont même dissimulées dans certaines œuvres comme dans l'andante de la 5ème symphonie de Beethoven. Même si les XIXème & XXème siècles furent moins riches en Folias, elles inspirèrent de nombreux compositeurs tels que Liszt, Paganini, Rodrigo ou Rachmaninov qui intitula ses variations « sur un thème de Corelli » car il ignorait l'origine exacte de la mélodie. De nos jours, les Folies hantent encore notre imaginaire musical et l'on peut les retrouver dans des musiques de film (La B.O. de Barry Lyndon de Kubrick inspirée de la sarabande de Händel ou bien celle de 1492 de Ridley Scott composée par Vangelis.) et, plus surprenant, dans l'univers des jeux vidéo (bande sonore de Final Fantasy IX composée par Nobuo Uematsu). 18 François Le Cocq 1660 ? - 1730 ? François Le Cocq ne doit son existence dans les encyclopédies qu'au talent de copiste de Jean-Baptiste de Castillion (1680-1753), prévôt de Ste Pharaïlde à Gand et vicaire général de l'évêque de Gand. Celui-ci, reprenant la pratique de la guitare qu'il avait abandonnée vingt ans plus tôt, s'est ingénié à retranscrire 117 compositions de Le Cocq sur un manuscrit qui est parvenu jusqu'à nous. Grâce à ce manuscrit, on apprend que Le Cocq fut musicien à la Chapelle Royale de Bruxelles, qu'il eut l'honneur de jouer devant l'Archiduchesse gouvernante des Pays-Bas et qu'il a enseigné la guitare à l'Electrice de Bavière. Toutes les pièces présentées sont composées pour la guitare à cinq choeurs, instrument fort à la mode à l'époque baroque comme je l'ai déjà écrit dans le texte consacré à Francesco Corbetta. Que le compositeur soit quasi inconnu et nonobstant belge n'enlève rien à la grande qualité de sa musique. A l'instar des compositeurs de son époque, Le Cocq a produit une série de variations sur les Folies d'Espagne dont je vous livre la chaude et talentueuse interprétation du guitariste japonais Taro Takeuchi. code pour embarquer la vidéo : >>> http://www.youtube.com/embed/N1FG1Mc8TaQ <<< |