Benoit Pailley. Flux Foundation. PASSEPORT. GENEVA. 2008.m4vBenoit Pailley est né les pieds dans le sable en face du Mont-Saint-Michel. Il vit aujourdhui à New York. Il a 29 ans. Dun bord à lautre de locéan, il a navigué en autodidacte. Sur la ligne de départ, un village normand, deux grand-père charpentiers ébénistes, un père électricien-plombier quil aide souvent, et la photo qui sinvite et simpose à 15 ans. Construire et photographier vont bien ensemble, mais ça, il ne le sait pas encore. Il séchappe. Paris. Il a 19 ans. Il devient assistant. Il découvre, la pub, la mode, la presse. Il cherche sa place. Il est sélectionné pour la bourse des talents Kodak en 2004, grâce à une série de portraits : des gens vieux et seuls parmi leurs meubles. On devine quils sy cognent. Déjà objets et meubles parlent. New York. 2005. Là bas, dit-il, les choses viennent à toi, à Paris il faut aller vers elles. Dabord assistant de François Halard, il prend son indépendance et travaille en studio. Publicité, marketing, édition il peaufine la sublimation de lobjet, petit ou grand comme un bâtiment. Combien de temps encore avant lart ? Il tourne autour. Se sent bien dès quil franchit les portes de la prestigieuse galerie Phillips de Pury and company, immense surface épurée, murs blancs- sol gris, entièrement dévouée au design. Cest lendroit autant que lobjet qui fait lœuvre. Alors lorsque le magazine dart contemporain, Sleek, lui commande une première série dimages, lui fournit un thème légèrement flou, des vêtements aussi, parce quil faut bien faire plaisir aux annonceurs, il nentend quune seule chose: carte blanche. Il crée Façades, primé par the LeadAwards 2007 : Un échafaudage aérien et urbain de cintres suspendus. Il dit avoir pensé à Duchamps. Il est aussi petit-fils de charpentier. Le vêtement met en valeur la penderie. Cest de lhérésie au pays du marketing. Mais le photographe sémancipe. Sil manipule limage cest maintenant pour son compte et son propos dartiste. Doucement il révèle son identité. Sleek est son passeport pour lart. Trois séries suivent, réalisées avec la styliste Alice Bertay. Il coupe du bois, meule du fer, et glisse sous le vêtement de marque imposé, des idées et non des corps. Il choisit des murs blancs et un sol gris, copie conforme du décor qui le fait rêver. Il construit puis photographie. A larrivée, on dirait quune galerie sest glissée dans les pages dun magazine. Il sest exposé pour être exposé. Cest ici sa toute première fois. **** Sens de la visite ? Il ny en a pas, cest circulaire. Trois murs dimages. Le danger au centre. Et une tentative dévasion. Il y a donc du sens à tout ça. En tout cas des résonances, une arborescence et du vent. Au premier mur,Solide et liquide. Dans le cadre fait de bois et de métal, un vêtement saccroche, il pourrait tomber, nêtre plus quune flaque de soie. Il y un seau qui lattend, au cas où. Lobjet est une personne, puisquil pourrait pisser. Le cadre est de moins en moins cadré. Le solide pourrait devenir liquide. Les certitudes sont impossibles. Au deuxième mur, Pure and dirty. Au point de rencontre de ces deux mots, la chaise électrique : Enorme tâche sur le monde quelle croit nettoyer. Elle est dune longue lignée, le masque de fer, comme les allumettes du bûcher lattestent. Elle use pour son ménage, dune éponge humide et conductrice. Au milieu, la condamnée dans sa robe noire haute-couture, est manifestement issue de ces gens réputés respectables et puritains qui souvent jugent. Mais qui sont-ils pour juger ? Au troisième mur, Hide and seek (cache-cache). Le mur est la frontière. Il sen construit partout comme naguère à Berlin. On le croyait détruit, en fait il se déplace. Il va là ou lhomme déteste lhomme. USA/Mexique, Israel/Palestine. Maroc/Sahara occidental. Le mur a des roulettes. Lhomme napprend rien de son passé. Le vêtement sur le mur est peut-être celui de qui y a laissé sa peau. Il ne reste alors que lempreinte ombrée dune frontière meurtrière. Elle a été découpée dans un grillage. Chicken wire netting, il sappelle. Dordinaire il sert aux batteries de volaille. Au centre, les objets ont pris forme. Le mur roulant des fusillés sapproche de la chaise électrique tranquillement installée sous les arêtes dun cube parfait quaucun doute neffleure. Le seau est là prêt à recueillir les excréments de celui quon condamne. Il a les yeux tournés vers le quatrième mur, possible tableau de ses pensées Dans le ciel bleu, une bâche bleue, sculptée par la lumière du soleil, poussée par le vent chef dorchestre, cherche à senvoler. Mais elle stagne et jamais ne sélève. Il ny a pas déchappée belle. Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle, murmurait le spleen à Baudelaire. code pour embarquer la vidéo : >>> http://www.youtube.com/embed/tn5dzeNDJys <<< |