Menace contre Marine Le Pen, un rappeur au tribunalUn rappeur d'Evry, Sébastien Gozlin, alias "Cortex", a comparu mardi 31 mai devant le tribunal correctionnel de Paris pour injures après avoir menacé Marine Le Pen, alors vice-présidente du Front national, de l'"égorger" sur une vidéo diffusée en mars sur internet. Durée: 01:41 __ Cortex contre Marion Le Pen. Duel improbable, hier au tribunal de Paris. D'un côté, un rappeur venu du quartier des Pyramides à Evry, Sébastien Gozlin pour l'état civil. De l'autre, la présidente du FN, plus connue sous le prénom de Marine (son prénom d'emprunt). La fille de Jean-Marie Le Pen attaque l'Essonnien pour injures publiques. Le 10 mars 2010, Cortex a posté une vidéo sur le site Internet YouTube dans laquelle il promet à la chef frontiste, entre autres propos salaces et injurieux, de lui faire découvrir « les tournantes ». Le jugement est attendu pour le 5 juillet. 14 heures, hier. « Sébastien Gozlin », appelle la juge. « Ouais », répond le rappeur. Il se défend seul : son avocat est malade. Grand gaillard de 30 ans, il porte un tee-shirt siglé « Gangster 2 Tess » (le mot « cité » en verlan raccourci), sa propre marque de vêtements. Ancien livreur au chômage, il se déclare « rappeur indépendant ». Il n'hésite pas à couper la parole aux magistrats Ses productions se retrouvent sur le Web. Son casier judiciaire porte quelques mentions pour violence, outrage, conduite sans permis ou détention de stupéfiants. « Je n'ai pas tué toute ma famille comme le mec à Nantes (NDLR : Xavier de Ligonnès) non plus », précise Cortex, très à l'aise, n'hésitant pas à couper la parole aux magistrats. Gilbert Collard, l'avocat de Marine Le Pen, absente à l'audience, questionne le rappeur sur les mots injurieux employés. « Je les assume. Ils sont dans le dictionnaire, non? » répond Cortex. « Nous n'avons pas le même dictionnaire de rimes », poursuit le célèbre plaideur. Sébastien Gozlin assure avoir enregistré cette vidéo en riposte à une affiche « anti-islam » du FN. « Marine Le Pen fait de la provoc. Je fais de la provoc. Je suis un artiste. Je défends les musulmans et les immigrés qui veulent s'intégrer », estime-t-il. « C'est faux! Vous avez déclaré aux policiers vouloir vous faire de la pub », rétorque l'avocat. « Je fais de la provoc et je fais de la pub », concède Cortex. Car le rappeur se déclare sur Internet « roi du buzz », technique qui consiste à faire parler de soi par des polémiques. Fin avril, il était déjà sur les bancs du tribunal pour une affaire d'injures envers la police et Brice Hortefeux. Quelques semaines auparavant, le rappeur avait choqué les associations anti-homophobie avec son dernier album. Une stratégie dénoncée par Fif, créateur de Booska-p.com, premier site Internet du rap français : « Personne ne le connaît mais c'est pas terrible pour l'image du rap. » A l'audience hier, Me Collard s'indigne que Cortex « ose se servir de cet effet miroir que constitue le FN : [...] Il suffit de l'insulter pour que, par réaction, l'on soit soi-même drapé de toutes les qualités! » Hier, à la fin de l'audience, lorsque le ténor du barreau est sous le feu des projecteurs, un individu aux longs cheveux blonds glisse quelques mots à l'oreille de Cortex. Le rappeur fait demi-tour et s'en va provoquer l'avocat, qui s'est récemment rapproché du Front national. Il gonfle ensuite ses biceps pour une séance photo, les majeurs bien levés. Sans dire qui il est, ce conseiller mystérieux, qui suit partout Cortex, déclare « faire de l'image » et conclut : « Cortex joue son rôle. En vrai, il est adorable. » code pour embarquer la vidéo : >>> http://www.youtube.com/embed/bfWO2P-cOZc <<< |